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le mieux est l'ennemi du bof
3 juin 2004

l'art de se mêler de ce qui ne vous regarde pas

C'était déjà il y a un certain temps. Dans une gare, à Paris, dans un café plus précisément. Pas le genre d'endroit dans lequel on s'attarde par plaisir, pour le charme de la décoration, l'amabilité des serveurs ou les tarifs pratiqués. Un endroit d'attente, un entre-deux où ne font que passer des gens qui ne vous sont rien. Pas un endroit de rencontre.
J'étais à ma table et comme tout le monde, je fumais un peu en buvant mon café dégueu et cher, dans l'attente d'un train qui finirait bien par arriver. Je voulais rentrer chez moi, j'avais fait à Paris ce que j'avais à y faire, il était temps de passer à autre chose.
A la table du fond, il y avait une jeune femme seule. Qui pleurait. Silencieusement, assez dignement, le plus discrètement possible et complètement perdue dans ses pensées si tristes, dévastée par elles. Enfin, c'est ce que, du coin de l'oeil, je croyais avoir décelé. J'avais, comme tout le monde en pareillle circonstance, une vague mais sincère compassion pour elle. Chagrin d'amour, deuil, concours raté, chien perdu, peu importe. L'importance de la peine était indiscutable, point. Comme tout le monde en pareillle circonstance, j'allais me cantonner à une discrétion polie, un respect de sa peine qui incitait à regarder ailleurs, par pudeur. Et puis non.
Je en sais pas trop pourquoi j'ai fait ça. Elle s'est levée et a demandé au serveur bougon et connard certifié conforme le chemin des toilettes. Puis, ce renseignement pris, y est allée, aux toilettes. En laissant ses affaires de globe-trotteuse à sa table.
Conscient que ça ne durerait pas, cette occasion idiote, j'ai suivi bêtement mon impulsion et j'ai sorti mon petit carnet abimé et j'ai écrit un mot que je suis allé glisser dans son sac à main. Elle est revenue, le nez et les yeux toujours aussi rougis, le regard toujours aussi absorbé par l'immensité de sa désolation. Moi, je me suis levé, j'ai payé le serveur bougon et je suis parti prendre mon train.
Dans le mot, je disais juste qu'elle avait l'air bien triste, que je lui souhaitais d'aller mieux et d'arborer un grand sourire épanoui la prochaine fois qu'on se verrait, si jamais on se recroisait dans cet endroit palpitant. Je lui disais que ce n'était pas bien prudent de laisser son sac à main et le reste à une table de café à Paris, et que la tristesse n'était pas une excuse.
Bien sur, je n'ai jamais su ce qu'elle en avait pensé. Tout cela est on ne peut plus normal. Tout cela est préférable. Aujourd'hui encore, j'espère qu'elle va mieux, confiant dans le fait que ça n'a, au pire, pas empiré les choses, quoi qu'il en soit.
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Commentaires
G
ben euh ... moi je pense kel a souri ..
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