5 juillet 2004
la fille du marché
J'avais
une amie, du temps où je vivais à Rennes, qui faisait le marché avec
nous. Le marché, elle connaissait, elle avait vendu des fleurs sur
celui du Mans pendant quelques temps. Celui des Lices, à Rennes,
c'était autre chose. On y trouve des joueurs de harpe ou d'accordéon,
des tracts anarchistes, des chatons à donner "si bons soins" et des
légumes et des fleurs et des fruits de mer et du pain d'épice et tout
un tas de trucs.
Elle, elle ne venait pas que pour consommer. Il m'est arrivé plusieurs fois de la surprendre à flaner du regard hors des étals, jaugeant plutôt la fraicheur du minois des garçons. Chez elle, cela réveillait des instincts printaniers, le marché. Elle partait en cueillette, pour le plaisir des yeux et des promesses.
A deux reprises, je l'ai vue prendre au fond de son sac à main bordélique un reste d'agenda étudiant et y griffonner un mot, qu'elle glissait ensuite dans le sac, la poche ou le panier d'un jeune homme. Un mot qui disait, m'a-t-elle ensuite confié, quelque chose d'aussi simple que "vous m'avez plu, je vous ai trouvé très beau, quand vous choisissiez vos cerises et vos poireaux". Aucun numéro téléphone (à ma connaissance du moins), juste pour le plaisir de dire que quelqu'un vous avait trouvé du charme. Je me suis imaginé la surprise et la perplexité des garçons (la frustration, aussi, en cas d'absence de numéro de téléphone...), et puis un brin de fierté idiote et très masculine, mais au bout du compte nu peu de joie de vivre inattendue.
Cette fille là était comme ça, c'était tout elle, ce genre de choses, à essaimer des choses sans se poser de questions. Depuis, sur les marchés, je vide toujours mon sac et mes poches une fois rentré à la maison. On ne sait jamais. Elle a peut-être fait des émules.
Elle, elle ne venait pas que pour consommer. Il m'est arrivé plusieurs fois de la surprendre à flaner du regard hors des étals, jaugeant plutôt la fraicheur du minois des garçons. Chez elle, cela réveillait des instincts printaniers, le marché. Elle partait en cueillette, pour le plaisir des yeux et des promesses.
A deux reprises, je l'ai vue prendre au fond de son sac à main bordélique un reste d'agenda étudiant et y griffonner un mot, qu'elle glissait ensuite dans le sac, la poche ou le panier d'un jeune homme. Un mot qui disait, m'a-t-elle ensuite confié, quelque chose d'aussi simple que "vous m'avez plu, je vous ai trouvé très beau, quand vous choisissiez vos cerises et vos poireaux". Aucun numéro téléphone (à ma connaissance du moins), juste pour le plaisir de dire que quelqu'un vous avait trouvé du charme. Je me suis imaginé la surprise et la perplexité des garçons (la frustration, aussi, en cas d'absence de numéro de téléphone...), et puis un brin de fierté idiote et très masculine, mais au bout du compte nu peu de joie de vivre inattendue.
Cette fille là était comme ça, c'était tout elle, ce genre de choses, à essaimer des choses sans se poser de questions. Depuis, sur les marchés, je vide toujours mon sac et mes poches une fois rentré à la maison. On ne sait jamais. Elle a peut-être fait des émules.
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